Timidité des investissements freine reprise du bâtiment

L'actualité d'Atradius

Le secteur prévoit une hausse des investissements à l’approche des élections communales

Namur, le 16 février 2017 – 1.713 entreprises de construction ont fait faillite en 2016, soit une baisse de 8,3% par rapport à 2015. Le secteur de la construction représente un sixième des faillites totales en Belgique en 2016 (10.066). Atradius, spécialisée dans l’assurance-crédit, observe effectivement une baisse régulière du nombre de faillites depuis l’année noire que fut 2013, avec 2.126 faillites dans le bâtiment. Cette tendance légèrement positive devrait se poursuivre en 2017.

« En 2016, le secteur belge du bâtiment a continué sa lente reprise, après le niveau historiquement bas de 2013. Cette reprise a été soutenue par des portefeuilles de commandes plus remplis, notamment du fait de la reprise économique et de la faiblesse des taux d’intérêt. En revanche, le secteur subit l’impact du durcissement des règles environnementales et de la limitation des investissements dans les infrastructures. Le volume de travail est en hausse, mais la concurrence étrangère et le coût salarial belge trop élevé pèsent négativement sur les marges », explique Christophe Cherry, directeur général d’Atradius Belgique et Luxembourg.

Le secteur du bâtiment, toujours en difficulté

Le secteur se redresse petit à petit mais la reprise reste fragile.

En 2015, le bâtiment a accusé une perte nette de 4.053 emplois, soit une baisse de 14,8% par rapport à l’année précédente. En 2013, ce chiffre était encore de 5.614.

Le nombre de retards de paiement continue toutefois d’augmenter. Les acomptes étant peu répandus en Belgique, les entreprises de construction ont besoin de fonds de roulement importants, alors même que l’administration et les paiements des pouvoirs publics belges sont généralement très lents. Les entreprises du bâtiment sont souvent forcées d’accepter des conditions de paiement désavantageuses.

En raison de toutes ces contraintes, le nombre de retards de paiement a donc continué à augmenter en 2016. Vu les conditions difficiles du marché, il faut s’attendre à ce que les défauts de paiement restent également à un niveau élevé en 2017.

Le secteur est aussi très dépendant du financement par l’emprunt et les banques restent peu disposées à octroyer du crédit au secteur.

« La reprise du secteur belge du bâtiment est entravée par la croissance trop lente du PIB (1,5%), les contraintes pesant sur les budgets publics et le fait que les banques continuent d’appliquer une politique restrictive quand il est question de prêter aux entreprises de construction », indique Christophe Cherry.

Elections, technologie et vieillissement, trois facteurs incitant à l’optimisme

Atradius prévoit cependant que la tendance positive se poursuivra et que le nombre de faillites sera encore en diminution en 2017. La hausse des taux d’intérêt rendra l’emprunt plus cher, mais l’investissement plus attractif.

« La Belgique est actuellement à la traîne en termes d’investissements publics : avec 2,4% du PIB, ce qui est beaucoup moins bien que la France et les Pays-Bas (3,5%). Nous n’atteignons même pas la moyenne européenne (2,7%). Le Bureau du Plan a calculé qu’une augmentation structurelle de l’investissement public de 2,9% du PIB, soit quelque deux milliards d’euros en chiffres absolus, génère une croissance supplémentaire du PIB de 1,2% après trois ans. Au bout de vingt ans, ce surcroît de croissance atteint même 2,77% », précise Christophe Cherry.

Mais, même si les investissements publics restent limités, Cherry garde des raisons d’espérer. « A court terme, nous attendons avec impatience les élections communales, qui se traduisent toujours par une augmentation des travaux et marchés publics pour les entreprises de travaux publics. A plus long terme, nous voyons deux tendances. D’une part, la technologie – avec la réalité augmentée, les drones et l’impression 3D – produit un impact de plus en plus important sur le bâtiment. D’autre part, certaines évolutions démographiques commencent à jouer un rôle non négligeable. Etant donné que la population continue à augmenter, il faut s’attendre à une augmentation non seulement de la demande de bâtiments, mais aussi de la demande d’infrastructures sociales, publiques et de transport. Dans le même temps, une population qui vieillit exige d’autres modèles d’investissement en matière immobilière. »