Alors que les relations avec l‘UE et les États-Unis se détériorent, la dette extérieure des entreprises continue de poser problème.
Situation politique
Chef de l'Etat : Président Vladimir Putin (depuis Mai 2012)
Chef du gouvernement : Premier Ministre Dimitry Medvedev (depuis Mai 2012)
Type de gouvernement : gouvernement formé par le parti Russie unie et des technocrates apolitiques.
Population : 144.1 millions
Politique nationale : stabilité continue - mais au détriment de la démocratie
La popularité du président Poutine a considérablement augmenté depuis le début de la crise en Ukraine et l‘annexion de la Crimée, et sa cote de confiance reste élevée, malgré la récession économique actuelle. Le sentiment nationaliste progresse en raison d‘une propagande agressive menée par le biais des médias contrôlés par l‘État. Il s‘avère essentiel de jouer la carte nationaliste, notamment dans les relations de la Russie avec l‘UE et les États-Unis, pour maintenir cette cote de confiance.
L‘opposition est marginalisée par un durcissement de l‘autoritarisme : les radicaux ont reçu l‘autorisation d‘attaquer les libéraux et de poursuivre la répression à l‘encontre des médias indépendants et des organisations non gouvernementales. Les prochaines élections parlementaires en septembre 2016 seront étroitement contrôlées et maintiendront très probablement le gouvernement actuel au pouvoir.
Détérioration des relations avec l‘UE et les États-Unis
Depuis le début de la crise en Ukraine début 2014, les relations entre la Russie, d‘une part, et l‘UE et les États Unis, d‘autre part, n‘ont cessé de se détériorer. L‘intervention de la Russie dans la guerre civile en Syrie a ajouté un nouveau conflit aux relations déjà tendues.
L‘annexion de la Crimée en mars et le soutien tacite de Moscou aux forces séparatistes dans l‘Est de l‘Ukraine ont déclenché plusieurs séries de sanctions de la part de l‘UE et des États-Unis, essentiellement sous la forme d‘un gel des avoirs, d‘une interdiction de voyager pour certains individus russes et criméens, de restrictions au financement sur le long terme limitant l‘accès aux marchés boursiers européens et américains pour les principales banques russes et pour certaines entreprises pétrolières ou de défense.
Les restrictions incluent certains types de produits exportés vers la Russie, et notamment des technologies à double usage et des équipements de pointe pour l‘industrie pétrolière. La Russie a imposé des mesures de rétorsion sur les importations de produits alimentaires et agricoles en provenance de l‘UE, des États-Unis, de l‘Australie, du Canada et de la Norvège.
Les sanctions européennes et américaines peuvent avoir des répercussions considérables sur l‘économie russe à plus long terme. Elles influenceront en particulier la capacité de refinancement des principales entreprises et banques nationales.
Situation économique
L‘économie russe s‘est contractée de 3,7 % en 2015, en raison de la persistance des faibles prix du pétrole, qui a continué de nuire aux revenus des exportations. Les investissements ainsi que la consommation privée ont enregistré de fortes baisses de, respectivement, de 9,4 % et 7,7 %. Seules les exportations nettes ont eu un effet positif sur le PIB, étant donné que les importations ont subi un net recul (moins 28 % d‘une année à l‘autre) en raison de la contraction de la demande nationale.
L‘inflation des prix à la consommation est passée à plus de 15 %, ce qui est en partie dû aux sanctions actuelles imposées par la Russie sur les importations européennes. Ces éléments, associés à la dépréciation du rouble, ont eu un impact négatif sur la consommation privée. Toutefois, le chômage ne devrait progresser que modérément en 2016, étant donné que l‘État russe soutient les entreprises et les contrôle si nécessaire. Pour faire face à la baisse de la demande, les entreprises préfèrent souvent imposer tout simplement des réductions de salaire plutôt que de réaliser des licenciements massifs. Ceci dans le but d‘éviter d‘éventuels troubles sociaux.
Le repli économique devrait se poursuivre en 2016, car les prix du pétrole devraient rester faibles. On prévoit un recul du PIB de 1,8 % en 2016 : les investissements et la consommation des ménages devraient continuer à reculer et l‘inflation devrait rester élevée. Un rebond très modéré de 0,3 % du PIB n‘est pas attendu avant 2017.
La dette extérieure des entreprises continue de poser problème
En termes d‘exportations, la dette extérieure des entreprises russes compte parmi les plus élevées des économies émergentes. Cette situation est aggravée par les taux d‘intérêt élevés, la pression sur les flux de capitaux et le rouble, mais aussi par les sanctions internationales qui nuisent fortement au (re)financement étranger. Par conséquent, malgré les caisses relativement bien garnies de l‘État russe, la dette extérieure des entreprises russes constitue un problème à surveiller de près. Les entreprises russes actives dans le secteur de la construction et de l‘immobilier, qui génèrent des revenus libellés essentiellement en roubles, mais qui dépendent de financements en devises étrangères, ainsi que les entreprises du secteur des transports (en particulier les compagnies aériennes et les constructeurs automobiles) sont les plus vulnérables.
La politique économique russe à court terme pendant la récession actuelle est relativement prudente. Malgré une dette publique très basse à 13 % du PIB et la pression exercée sur le budget par les faibles prix du pétrole, le déficit public est maintenu dans des limites acceptables.
La banque centrale mène une politique monétaire austère afin de lutter contre l‘inflation et les perspectives d‘inflation, en maintenant des taux d‘intérêt relativement élevés à plus de 10 % ; cette politique pourrait être assouplie avec la baisse de l‘inflation résultant de la montée progressive des prix du pétrole. En parallèle, la banque centrale autorise le flottement du rouble. Cette mesure a une incidence sur l‘inflation si la devise se déprécie, mais permet également d‘amortir les chocs pour le compte courant, qui devrait rester excédentaire en 2016 et en 2017. En parallèle, les réserves internationales relativement importantes de la Russie diminuent à peine, car la fuite des capitaux est contenue.
Des faiblesses structurelles majeures persistent
Néanmoins, les perspectives à long terme d‘une progression durable de la croissance restent en demi-teinte. Le climat commercial russe est mis à mal par l‘incertitude concernant les droits de propriété, une faible infrastructure de transport et une absence de concurrence sur les marchés des biens et des services. Les autorités n‘ont pas su profiter des années favorables pour renforcer la structure économique russe et améliorer son potentiel non pétrolier en investissant prudemment les revenus élevés du pétrole dans d‘autres industries, afin de diversifier l‘économie qui reste en grande partie axée sur le secteur pétrolier et gazier.
Les investissements, absolument nécessaires pour moderniser le secteur énergétique et contribuer à la diversification de l‘économie, sont découragés. Même avant le début de la crise ukrainienne, le niveau d‘investissement était trop faible et les investissements directs étrangers trop restreints, en partie en raison d‘un climat commercial hostile et du contrôle ferme exercé par l‘État sur de larges pans de l‘économie. La situation est aujourd‘hui aggravée par les sanctions internationales imposées par l‘UE et les États-Unis dans le but d‘éviter les transferts de technologie et le financement des entreprises russes, notamment dans les secteurs énergétique et militaires.